Dans notre vie quotidienne, l'être humain ressemble à un coureur épuisé qui ne s'arrête jamais de courir. Nous courons vers des objectifs que nous pensons être les nôtres, poursuivons des rêves qui ne nous appartiennent pas nécessairement, et vivons des histoires dont nous ignorons le commencement et la raison pour laquelle nous y persistons. Souvent, nous nous retrouvons coincés dans un état de dispersion, épuisés intérieurement, tout en affichant au monde un visage souriant, prétendant que tout va bien.
Tout autour de nous semble organisé et clair en surface : nos emplois, nos relations, nos maisons, et même nos profils sur les réseaux sociaux. Mais au fond de nous, il y a un chaos profond, des questions reportées, des conflits que nous ne savons ni gérer ni exprimer. Nous vivons avec une anxiété constante face à quelque chose d'inconnu, ou parfois face à des choses que nous connaissons bien mais que nous redoutons d'affronter. Quelque part entre ce bruit et ce chaos, nous perdons notre véritable moi. Nous ne savons plus qui nous sommes vraiment, ni ce que nous voulons réellement.
L'une des ironies étranges de notre époque est que nous vivons dans un monde où l'humanité dispose de moyens de communication sans précédent dans l'histoire, mais où, paradoxalement, elle est plus seule et isolée que jamais. Nous évoluons dans un monde débordant de bruit, de vitesse et de connexions superficielles, mais souffrant d'un manque criant de sens véritable, de communication sincère et d'harmonie intérieure.
Tout autour de nous nous pousse à paraître réussis. À sembler confiants. À avoir l'air d'aller bien. À être occupés. À être productifs. À « paraître » plutôt qu'à « être ».
Sous cette pression, l'être humain vit une double vie : une vie extérieure soigneusement conçue pour le spectacle, et une vie intérieure remplie de confusion, de contradictions et de questions auxquelles nous craignons de répondre.
Au milieu de cette course effrénée vers l'épanouissement personnel, le succès professionnel et le statut social, nous avons perdu la capacité d'être simplement « nous-mêmes »… sans masques, sans artifices, sans besoin constant de prouver notre valeur. Nous nous essoufflons à poursuivre une image idéale imposée par une culture de consommation, une image qui nous dit que nous ne sommes pas assez tels que nous sommes, que nous devons toujours viser une version améliorée de nous-mêmes pour mériter l'amour ou l'acceptation.
Mais permettez-moi de vous poser une question sincère – peut-être audacieuse, que vous n'entendez pas souvent : que se passe-t-il en vous lorsque les lumières s'éteignent ? Lorsque les politesses s'effacent, que les conversations prennent fin, et que vous fermez la porte de votre chambre ? Êtes-vous en paix intérieurement ? Ou commence alors le véritable vacarme ? Vous reposez-vous ? Ou vous recroquevillez-vous face à vos pensées ? Avez-vous confiance en vous ? Ou souhaiteriez-vous être quelqu'un d'autre ?
Ces questions ne nous sont pas posées à voix haute par la vie, mais elles se manifestent dans les petits détails :
dans la manière dont nous nous mettons en colère sans raison, dont nous nous effondrons soudainement à cause d'un mot anodin, ou dont nous perdons notre passion pour tout, même si « tout semble aller bien ».
Ces moments – malgré leur douleur – sont les plus sincères… car ils ne mentent pas.
Ces moments révèlent que le problème ne vient pas du monde qui nous entoure… mais de l'intérieur.
Pas des gens… mais de la façon dont nous nous percevons et percevons le monde.
Oui, la vie peut être dure, les relations complexes, les pressions incessantes, mais les guerres les plus féroces que nous menons sont celles que personne ne voit, car elles se déroulent en silence entre nous et nous-mêmes.
Il est douloureux d'atteindre un stade d'accomplissement ou de maturité, pour découvrir que tout ce que nous avons fait était une tentative de compenser un sentiment intérieur d'insuffisance ou d'inadéquation.
Il est triste de réussir extérieurement, mais de continuer à fuir son propre miroir intérieur.
D'être entouré de gens, mais de ressentir une solitude émotionnelle, parce que nous n'avons jamais osé montrer à quiconque notre vérité.
Et peut-être la question fondamentale que la plupart d'entre nous peinent à poser avec sincérité est :
Est-ce que je me connais vraiment ?
Suis-je en paix avec ce « moi » ?
L'habite-je… ou m'enfuis-je chaque fois que je me retrouve seul avec moi-même ?
La vérité est que la plupart d'entre nous ne fuient pas le monde, mais eux-mêmes.
C'est pourquoi nous cherchons constamment le bruit, les écrans, les conversations, l'occupation… tout ce qui peut faire taire cette voix profonde en nous.
Mais peu importe à quelle vitesse vous courez, vous finirez par réaliser que personne ne vous poursuit… sauf vous-même.